Dernier jour d’une session de formation, Marie-Catherine évoque brusquement et avec force sa « grande déception » de la « façon dont on l’a enseignée ici ».
En l’écoutant attentivement, je calibre son non-verbal : il exprime sans équivoque, une colère contenue et une frustration notable et notoire.
Rapide scan de mon état interne : je suis décontenancée par cette réaction tardive et je n’entrevois aucune possibilité de « remédiation », d’un quelconque réajustement dans mon accompagnement individualisé.
Mon baromètre m’informe donc et sans détour, que j’ai « loupé » (le mot est faible je vous l’accorde) quelque chose avec cette personne en particulier. La frustration me gagne un instant… Comment n’ai-je pas décodé plus tôt ses difficultés d’apprentissage et entendu son inconfort évident aux méthodes pédagogiques quelque peu novatrices pour l’adulte qu’elle est devenue.
Les neurosciences m’ayant totalement convaincue, j’étais bien à 100 lieux d’imaginer ne pas partager un consensus universel !
Je me suis alors demandé quelle était la posture du formateur, celle d’hier et celle d’aujourd’hui, « aujourd’hui » oui, car demain est déjà là à celui qui veut garder une longueur d’avance…
Jusqu’ici « transmetteur de savoir » , le formateur aurait-il muté en « révélateur de talents pluriels », « facilitateur de co-construction », « animateur d’apprentissages collectifs », ou encore « accompagnateur d’expérimentation » bref un «observateur/médiateur » plutôt qu’un « enseignant »
Jadis, le savoir se transmettait de maître à élève, d’initié à béotien, via une « pédagogie descendante ». L’un savait, l’autre pas encore, c’était écrit !
Aujourd’hui, les nombreuses études scientifiques accordées aux spécialistes en neurologie, pédagogie, psychologie et autres passionnés du cerveau humain éclairent des chemins d’apprentissage toujours plus efficaces, semble-t-il…
Stanislas Dehaene, neuroscientifique réputé et engagé, nous dévoile que :
D’une part : notre cerveau a véritablement « besoin » de projeter ses hypothèses et de « se tromper » en « s’amusant » pour évoluer durablement. Et, « en avant la couleur » car nous sommes avant tout des “visuels” !
D’autre part : s’il faut en effet « répéter » pour imprimer définitivement, on développe beaucoup plus de compétences en groupe que seul face à un apprentissage (c’est ce que l’on nomme “l’intelligence collective”)
Il suffit d’observer ses propres enfants découvrir et explorer la vie, seuls et ensemble, pour trouver cela pertinent, n’est-ce pas ? Ce mode de fonctionnement semble inné et permanent.
2 constats essentiels s’en dégagent en matière d’apprentissage :
1. La façon dont notre cerveau apprend individuellement, mise en lumière et caractérisée par les 4 piliers de l’apprentissage, que sont :
2. La façon dont notre cerveau apprend collectivement.
Pour preuve, l’émergence des apprentissages collectifs, du brainstorming au Word café, pour un codéveloppement des compétences en entreprise, sans oublier la montée en puissance des Softs Skills indispensables.
Ces deux approches revisitées par les neurosciences engendrent (induisent) un nouveau rôle pour le formateur. Il est aujourd’hui « médiateur » dans un projet dont il n’est plus l’instigateur mais le chef d’orchestre : faire émerger des savoirs en mettant en scène les apprenants, les faire « jouer ensemble » à l’élaboration des supports, faire appel à leur créativité tant individuelle que collective.
Il lui faudra alors développer de nouvelles capacités de réactivité et d’adaptation, mais aussi de patience et une rare habileté à se remettre en question.
Ainsi, au sein même de cette nouvelle organisation, il découvrira, comme tout un chacun, qui il est vraiment…
C’est ce qui m’a permis d’échanger avec Marie-Catherine et de m’enrichir d’autres regards à venir.
Au plaisir de vous retrouver sur notre formation de formateur
Jenny FERRARI, Coach et Formateur à la Haute école de formation & consulting.